11 févr. 2010 - 21:56
L’artisanat en Afrique : deuxième pourvoyeur d’emploi après l’agriculture. Et pas de formations pour les jeunes !
L’école pour tous, ne règlera pas le problème de l’emploi en Afrique, tant qu’il n’existe pas de structures pour former les jeunes, qui achèvent l’école de base et ne peuvent continuer leurs études pour des raisons financières.
L’artisanat en Afrique, est un monde d’auto-entrepreneurs, informel, avec des métiers très variés : métiers de la forge et des métaux , métiers du bois, du tissage, de l’agroalimentaire etc…
La plupart des pays d’Afrique francophone ont recensé ou sont en train de recenser très précisément tous leurs métiers et s’aperçoivent qu’en moyenne seuls 10% des métiers font l’objet d’une formation ! Au Burkina Faso : sur 110 métiers recensés, 15% ont une formation !
Tout le reste relève de l’apprentissage informel, chez un maître d’apprentissage. On pourrait appeler cela « l’Autre école ». Celle qui forme des générations de jeunes et leur procure ensuite des emplois.
Seul problème, l’apprentissage traditionnel dans les métiers de l’artisanat, ne suffit plus !
Boubacar Savadodogo, consultant et spécialiste de l’enseignement technique et professionnel en Afrique, explique que le maître d’apprentissage a une attitude très ambigüe avec ses apprentis. A la fois il bénéficie d’une main d’œuvre gratuite intéressante, mais en même temps il a le sentiment que ces jeunes sont la concurrence de demain et ils prennent soin de ne pas leur livrer tous leurs secrets !
Certains jeunes racontent qu’après 6 ans d’apprentissage parfois, ils n’osent pas vraiment partir, car ils ont la certitude de ne pas avoir tout appris : Quand mon maître d’apprentissage doit accomplir un geste compliqué, il m’envoie faire une course !
C’est le cas en mécanique auto, en menuiserie, en soudure, aussi bien au Mali, qu’au Burkina, au Sénégal, au Bénin !
Les patrons reconnaissent la plupart du temps qu’ils ont peur de cette concurrence et qu’il leur arrive de tout faire pour retarder le départ du jeune apprenti…ce qui revient à retarder l’établissement de la concurrence, dans le même quartier parfois.
Par ailleurs l’apprentissage informel, n’a aucun cadre, pas de durée de formation établie, pas de cadre financier (souvent comme au Bénin les parents sont obligés de payer la fameuse cérémonie de Libération avec une dot pour le maître d’apprentissage, à la fin de la formation…et si vous ne payez pas, vous n’avez jamais votre libération… mauvais effet garantit dans le quartier.
Certes il existe des lycées techniques. Mais les places sont très largement insuffisantes. Et c’est pour cela que les bailleurs de fond commencent à se mobiliser. Voici quelques exemples de manques criants.
Côte d’Ivoire : 60 000 places disponibles dans les collèges et les lycées techniques, en comptant les écoles privées pour une population de 450 000 jeunes entre 15 et 24 ans.
Burkina Faso: 30 000 places disponibles pour 480 00 jeunes.
Plusieurs réformes de l’enseignement technique et professionnel sont à l’étude centrées sur l’artisanat. Mais globalement les ministres en charge de ces portefeuilles sont quand même les dernières roues du carrosse de leur gouvernement. Ceci dit, les bailleurs de fond arrivent. Cela qui devraient changer un peu la donne.
1 Comments
Ce n'est pas un problème exclusif à l'artisanat en Afrique, il est général. Un manque de sérieux anime en principe les formateurs en Afrique. il faut nous voir dans les salles travaux dirigés, on dirait qu'on est au théatre;ce qui remet en cause la qualité de la formation