Au Mali : Inciter les jeunes à rester aux pays

L’Association « Retour-Travail-Dignité », créée en 2005 à l’initiative d’Aminata Traoré, ancienne ministre de la Culture a pour

ambition de venir en aide aux jeunes migrants refoulés de la forteresse européenne.

Il s’agit pas d’essayer de les convaincre de ne pas partir, mais plutôt de leur donner de bonnes raisons de rester au Mali.

 

L’association plaide également pour une véritable libre circulation du Sud au Nord et tente de donner à ces jeunes des perspectives d’avenir au Mali. Grâce à des formations professionnelles, mais aussi des ateliers artistiques ou des groupes de parole, ces jeunes peuvent retrouver leur dignité, leur estime d’eux-mêmes, qu’ils ont perdue à force de se faire rejeter par l’Europe, que ce soit en utilisant les voies d’entrées légales ou clandestines.

 

L’association Retour-travail-dignité a vu le jour dans un contexte bien particulier, en octobre 2005, juste après les évènements de Ceuta et Melilla.

Ceuta et Melilla, ce sont deux enclaves espagnoles au Maroc, deux petits morceaux d’Espagne en terre africaine, presque une provocation pour les candidats à l’émigration. En passant deux grillages de barbelés, on est en Europe. Début octobre 2005, des centaines de personnes ont essayé, de forcer le passage. Résultat : plusieurs morts et des centaines de personnes arrêtées et abandonnées en plein désert, et finalement, reconduites dans leurs pays respectifs. Lorsque le groupe des Maliens est arrivé à Bamako, Aminata Traoré, par le biais d’autres ONG dont elle est responsable, a décidé d’accueillir ces jeunes refoulés et de monter un projet avec eux.

 

 
Les jeunes refoulés ont alors pu parler, raconter ce qu’ils avaient vécu. Ce qui dominait chez eux, ce n’était ni la colère ni un sentiment d’injustice, mais la honte.
Un sentiment d’échec, de honte, si fort que pour beaucoup de ces jeunes, il n’était pas question de rentrer au village ou dans leurs familles comme ça, les mains vides. L’association Retour-Travail-Dignité a donc commencé à fonctionner, avec notamment des ateliers de formation en menuiserie, en vannerie, en bijouterie ou encore en peinture. Avec un credo : l’utilisation des matières et des techniques locales, et leur revalorisation.
 
Et aujourd’hui, où en est l’association ?
Elle regroupe 500 membres, dont une partie, qui a été formée en maçonnerie, est en train d’achever la construction d’un centre d’information et de formation à Didiéni, à 150 km au Nord de Bamako. Un grand bâtiment en banco à la sortie de la bourgade, qui accueillera à terme des chambres d’hôtes, des salles de conférence, un centre d’information pour les jeunes, et un centre de formation professionnelle, notamment en agriculture, maraîchage, élevage, bâtiment. Au mois de décembre, le centre accueillera la conférence internationale Migrance 2009, qui regroupera des associations maliennes et européennes sur le thème des migrations. L’ONG envisage aussi la création d’un réseau sous-régional avec des antennes locales en Guinée, au Sénégal et au Cameroun.
Plus d’informations sur le site du Centre Amadou Hampâté Bâ

Et sur le site du Forum pour un autre Mali

 
Amélie Niard