08 oct. 2009 - 17:41
Non ! Ce n’est pas la même chose dans les autres professions. Un professeur n’est pas un commercial, ni un ingénieur, ni un gardien d’immeuble, c’est un passeur de savoir.
Sur le terrain, notamment dans des ateliers de parole organisés par le CRAN (Conseil représentatif des associations noires)
j’avais déjà rencontré des professeurs qui m’avaient alerté sur leurs problèmes. Je me disais "c’est un sujet casse gueule", il faut du temps pour enquêter. Deux journalistes ont tenté le défi. Bien vu.
Mathieu Méranville et Serge Bilé ont pondu un bouquin franchement intéressant avec de bonnes questions et de bons témoignages pour y répondre.
Comment se sentent perçus les enseignants noirs d’origine africaine, antillaise, par leurs élèves, les parents, les collègues, la hiérarchie de l’Education Nationale ?
Ah ! La hiérarchie de l’éducation nationale ! Elle en prend pour son grade. Inspections qui tournent au cauchemar, vexations permanentes, aucun détail n’est épargné. Il sera difficile d’intenter un procès aux auteurs et de prouver le contraire.
Et puis il y a cette question qui dérange : les profs noirs sont-ils plus utiles dans les banlieues « black » ?
Un prof noir comprend-il mieux pourquoi ces enfants là renoncent au savoir, aux études, malgré leurs capacités ? Un prof noir doit-il, peut-il servir de modèle à ces élèves ? L’éducation nationale a souvent tranché la question facilement, par le biais de ses directeurs d’IUFM, (Instituts de formation des maîtres) : « Oui nous avons besoin de ces profs là en tant que modèles… ».
Les auteurs du livre ont une réponse tout aussi claire : NON, un modèle noir n’est pas une solution pour les banlieues. Nous ne voulons pas d’écoles ghettos.
Les enseignants qui témoignent tout au long du livre, se positionnent eux aussi en quelque sorte pour un « communautarisme républicain ».
Du moins je comprends leur message ainsi : oui nous voulons que nos difficultés spécifiques en tant qu’enseignants noirs soient reconnues, mais nous refusons la formule communautaire à l’anglo-saxonne.
Un bémol tout de même sur cette enquête « à charge » : aucun témoignage de professeur qui ne s’estime pas victime de racisme ou de discrimination. Pourtant cela existe, vous pouvez entendre un prof de physique dans notre émission « L’Ecole des savoirs ».
Il ne s’agit pas d’un imbécile heureux qui refuse de voir la réalité en face, mais d’un homme qui veut avancer, coûte que coûte.
Par ailleurs, la plupart des enseignants qui témoignent sont anonymes...Certes cela n’enlève rien à la valeur de leur témoignage.
Nous attendons maintenant vos commentaires sur cette question minée : les enseignants noirs sont-ils victimes de discriminations ?
3 Comments
Il y a des preuves irréfutables prouvant qu'il y a des inspecteurs jouant aux Cow boys en face des stagiaires qui ne sont pas protégés en France, par conséquent ils osnt exposés à tous les caprices de la hiérarchie ! La guillotine lorsqu'elle est lâchée par le bourreau sur le cou de la victime, la tête finit tranchée : c'est le rapport d'inspection, l'arme du supplicié. Il suffit qu'il renferme la mention "incompétence pédagogique" plus rien ne peut apporter un avis contraire ! Même les anciens bons rapports d'inspection et les notations de chefs d'établissements ne valent plus rien ! C'est la loi de la guillotine ! Les juges administratifs saisis par les victimes de cette injustice économique ne vont pas juger sur le fond, ils vont tous se cacher derrière cette mention précitée ci-dessus qui devient "l'étoile jaune" du stagiaire. Il est banni à jamais ! Oui la raison elle est économique : car il faut réduire le nombre des fonctionnaires coûte que coûte, les stagiaires Français d'origine étrangère sont donc les plus exposés à faire sauter facilement. Et la méthode est imparable ! Tout le monde sait qu'il y a aussi comme dans tous les corps de mauvais inspecteurs pédagogiques et même des incompétents qui viennent se défouler sur stagiaires pour accomplir cette tâche. Il y a une complicité de tous les membres de la chaîne de décision : du tutuer pédagogique, de l'inspecteur, du jury académique, du recteur et des directeurs centraux du ministère de l'éducation nationale. Le Ministre ne sait rien. Mais il est obligé de couvrir toute la chaîne ! Des preuves permettent de confirmer ces carences ou ces graves manquements des intouchables de la hiérarchie au sein du Mammouth. Les preuves ou les aberrations ne manquent pas ! Mais elles sont rejetées ou ne sont pas reconnues pour couvrir le dysfonctionnement de l'administration. Ce livre traite la réalité souvent occultée par les syndicats, les politiques de tous bords et les victimes désarçonnées et désargentées à vie. Il pose le problème publiquement dans une société qui fait semblant que le racisme est un faux débat. La réalité est bien là : dans la haute administration et dans tous ses grands corps tous les représentants de l'état ont tous la même couleur de peau. En politique, seuls les vigiles sont Noirs ou Arabes !
Tout d'abord je vous félicite pour votre courage. En effet ils ne sont pas légions, les journalistes prêts à parler des tabous de la société française. Cependant il n' y a pas d'un côté ceux qui veulent avancer et ceux qui sont psychologiquement bloqués.
Au-delà de l'émotionnel et de la façon dont le sujet est traité, les faits sont incontestables. Tous les licenciements de l'Education Nationale reposent sur l'illégalité des faux rapports d'inspection et le deni de droit.
Je m'appelle Alioune DIALLO. J'ai été licencié le 17 février 2005. Je pense que notre société gagnerait à essayer de détecter les mécanismes institutionnels et psychologiques qui conduisent à un tel état de fait plûtot que de mettre en place des mécanismes de défense. C'est comme le viol des femmes.
Suite à une année de stage en 2002/2003, je n'ai pas été titularisé. J'ai déposé un recours au tribunal administrarif de Cergy-Pontoise. Le recteur de l'Académie de Versailles n'a jamais répondu au second mémoire de mon avocat. Parce qu'à partir des devoirs des élèves, et des appréciations antérieures, j'ai pu prouver que les rapports d'inspection étaient faux. C'est à la fin de la deuxième année de stage que le recteur a pu produire un arrêté de renouvellement de stage pour la première année. Mais son arrêté de renouvellement de stage était antérieur de 10 jours à l'inspection. Donc illégal.
Malgré cela j'ai été licencié.
Ce qui m'arrive je le lie aux problèmes généraux de la société française. Notre administration a du mal à appliquer son propre droit. J'ai dans l'Education Nationale des chefs d'établissements et des collègues d'une loyauté imparables. Personnellement je ne dis pas que les Noirs sont tous victimes dans l'E.N. Mais l'architecture du système est telle que le moindre conflit peut déboucher sur la fin d'une carrière. J'ai connu des cas de blancs aussi. Pour moi, l'E.N., c'est une oligarchie pédagogico-adminstrative. Tant que vous n'avez pas de conflit avec un membre de cette oligarchie, tout se passe bien. Quand une administration fonctionne ainsi c'est comme la république du bongwanou de MAMANE. Les pressions ethniques ou autres existeront toujours, mais elles s'appuient souvent sur des abus de droit et des complicités ou des silences des avocats et des entrepreneurs de moral .
Nous pouvons ne pas avoir le même socle émotionnel, mais sur le plan juridique nous sommes contraints. Dans le cas des licenciés de l'Education National. Les règles de droit élémentaires ont été bafouées.
Alioune DIALLO. Licencié le 17 février 2005 alors que j'enseignais au lycée Jean-Jacques ROUSSEAU à SARCELLES (95).
J'ai d'abord souri en lisant votre article, car cette discrimination existe PARTOUT, à l'hôpital où des patients ne veulent pas être soignés par des noirs, ou vous demandent si vous êtes la femme de service, si vous êtes bien traités, ... qd ce ne sont pas vos supérieurs qui au bout de plusieurs années trouvent que votre orthographe laisse à désirer en vous demandant qd même de corriger les compte-rendus faits par des médecins ...