Claude Lishou et l'informatique au service du développement

 

On n'imagine pas toujours lorsqu'on est au fin fond de l'Afrique que l'informatique se trouve au cœur de nos activités et même de la vie des universités. Non seulement comme matière d'enseignement, mais encore et surtout comme outil de gestion et d'aide à la décision. L'un des acteurs de cette prise en compte de l'informatique au sein des universités africaines est le professeur Claude Lishou.

 

 

 Il y a des phrases qui vous restent. Prononcées au détour d'une conversation, presque inaperçues d'abord, elles deviennent lancinantes et même vous submergent. Cette phrase est demeurée vive dans ma mémoire: « la science peut aider au développement à condition qu'elle travaille à résoudre les problèmes concrets que rencontrent les entreprises et les universités ». C'est la phrase qui explique toute la trajectoire scientifique de Claude Lishou et son investissement pour l'informatique. Pour lui, il ne s'agit pas d'inventer ce qui a été déjà inventé, mais de maîtriser les techniques.
 
Pour lui, que ce soit pour moderniser la gouvernance des universités, pour assurer la gestion des services de scolarité, la gestion administrative et financière ou même la gouvernance des formations, l'informatique est devenue un outil incontournable. Bases de données, sites web, environnements numériques de travail, l'informatique est rentrée dans les universités. Bien maîtrisée et utilisée, elle peut aider à réduire les longues files d'attente lors des inscriptions des étudiants (qui se font encore trop à l'aide d'un seul ordinateur). Elle peut aussi aider à assurer des formations ouvertes et à distance et aussi à assurer le renforcement des capacités des enseignants et des cadres dirigeants des universités.
 
 
Claude Lishou assure tout cela avec compétence et génie. Après son diplôme d'ingénieur en génie électrique obtenu à l'Ecole supérieure polytechnique de l'UCAD, il est très vite intéressé dans les deux volets de l'informatique alors balbutiante dans les années 80 – 90, à savoir les équipements matériels (par sa formation d'électronicien) et les logiciels. Il obtient alors une bourse d'excellence de l'AUF qui va lui permettre de s'inscrire à l'Université du Havre pour faire une thèse d'Etat sous la direction du Professeur Ludovic Protin, thèse qu'il soutient à Dakar en 1998. Je participe d'ailleurs au jury comme membre.
 
A la suite de cela, il crée, avec d'autres collègues, le Laboratoire de Traitement de l'Information (LPI) dont il assure la direction. Il s'agit d'un laboratoire universitaire multidisciplinaire qui comprend 6 enseignants et une vingtaine de doctorants et qui fonctionne autour de deux équipes: la première travaille sur les TIC comme appui au développement et est très orienté vers les services aux entreprises; la seconde porte sur les TIC et l'enseignement et développe des outils d'appui spécifiques à ce domaine.
 
Avec ce laboratoire, il va commencer une longue collaboration avec de nombreuses institutions comme l'OIF, l'AUF, l'ONU. Il va réaliser le premier site web du Bureau Afrique de l'AUF, le premier outil de gestion intégré des missions d'enseignement et de recherche de l'AUF (les missions du FICU), la première plateforme d'enseignement à distance qui devait accompagner les enseignants en mission de l'AUF pour leur permettre d'engager des contacts avec leurs étudiants avant, pendant et après la mission.
 
Qui est Claude Lishou?
Sénégalais d'origine béninoise, Claude Lishou est un pur produit de l'UCAD. C'est un passionné de l'informatique, une force de propositions qui est très sollicitée dans le monde et qui croit que le vrai problème n'est plus la fracture numérique, mais la capacité de tous à appliquer des normes de qualité, que l'on soit du Nord ou du Sud. C'est ainsi que va le monde de l'informatique. En plus de ses fonctions de professeur titulaire d'informatique et de directeur du LTI, Claude Lishou est aussi Directeur au sein du rectorat de l'UCAD de la plateforme virtuelle qui abrite le système d'information et de communication de cette université. Il s'agit au fond du service qui est au cœur de la gouvernance numérique de cette université. Il est un partenaire du nouvel institut que viennent de créer l'AUF et l'ACU, l'Institut panafricain de gouvernance universitaire (IPAGU) que j'ai l'honneur de diriger. C'est dans ce cadre qu'il organise d'ailleurs en novembre prochain deux colloques importants à Dakar sur les TIC au service de la gouvernance des universités.
 
Bonaventure Mve Ondo, Vice Recteur de l'AUF